Je suis ravie de t’inviter à un voyage extraordinaire à travers le monde du patchwork. Aujourd’hui, je te propose de partir à la découverte de vingt techniques de patchwork traditionnelles venues des quatre coins du globe. Que tu sois débutante ou quilteuse expérimentée, ces techniques te permettront d’enrichir ta pratique tout en t’offrant une aventure culturelle fascinante.
Imagine-toi en train de créer un quilt en Bogolan, inspiré par les traditions textiles ancestrales du Mali, où chaque motif géométrique raconte une histoire unique. Ou plonge-toi dans l’univers mystique des quilts celtiques, avec leurs motifs entrelacés qui célèbrent l’infini et l’éternité. En explorant ces techniques, tu ne fais pas que créer des pièces uniques ; tu tisses un lien entre le passé et le présent, entre les artisans d’autrefois et les créateurs d’aujourd’hui.
Le patchwork est une forme d’art universelle, et chaque culture y apporte sa propre touche, son histoire et son style. Des motifs éclatants des quilts hawaïens aux élégants dessins en relief des boutis provençaux, chaque technique offre une nouvelle manière de voir et de comprendre le monde. En apprenant ces techniques, tu voyages virtuellement à travers les continents, découvrant les subtilités des traditions japonaises avec la pratique de l’indigo ou les montages époustouflants des pliages des pine burrs quilts.
Rejoins-moi dans ce voyage textile à travers le globe. Ensemble, nous explorerons des régions fascinantes, rencontrerons des artistes passionnés et trouverons de nouvelles inspirations pour nos créations. Prépare tes aiguilles et ton fil, et embarquons pour une aventure créative sans frontières, où chaque quilt raconte une histoire et chaque motif est une invitation à découvrir le monde autrement.
Ce que tu trouveras dans cet article :
1- Le Patchwork Américain
On commence par ce que beaucoup considèrent comme le berceau du patchwork. Le quilt américain, souvent considéré comme le cœur du patchwork moderne, possède des racines profondes dans l’histoire et la culture des États-Unis. Ses origines remontent aux premiers colons européens, notamment les Quakers et les Amish, qui apportèrent leurs compétences textiles en Amérique.
Au début, les quilts étaient avant tout fonctionnels, conçus pour offrir chaleur et confort dans des maisons mal isolées. Les femmes utilisaient chaque morceau de tissu disponible, y compris les chutes et les vêtements usés, pour créer ces couvertures.
Le patchwork est ensuite devenu une activité communautaire, notamment à travers les «quilting bees«, où les femmes se réunissaient pour coudre, échanger des nouvelles et renforcer les liens sociaux. Ces rassemblements jouaient un rôle crucial dans le tissu social des communautés rurales et permettaient également de transmettre les techniques de couture de génération en génération.
Géographiquement, le quilting américain a évolué différemment selon les régions. Par exemple, les quilts des Appalaches se distinguent par leurs motifs géométriques simples et leurs couleurs vives, tandis que les quilts du Midwest sont souvent plus élaborés et utilisent des motifs complexes comme le «Log Cabin», qui symbolise le foyer et la famille. Les quilts de la Nouvelle-Angleterre, influencés par les traditions européennes, présentent souvent des motifs floraux et des appliqués sophistiqués.
Le patchwork a toujours été un moyen d’expression pour les femmes, leur permettant de raconter des histoires personnelles, familiales ou communautaires. Pendant la guerre de Sécession, par exemple, les femmes du Nord et du Sud ont créé des quilts patriotiques pour soutenir les troupes et collecter des fonds. Plus récemment, les quilts ont été utilisés pour commémorer des événements historiques, tels que le mouvement des droits civiques, ou pour sensibiliser à des causes sociales, comme les quilts du projet Names, qui rendent hommage aux victimes du SIDA.
Parmi les exemples célèbres de quilts américains, on trouve le «Dear Jane Quilt«, créé par Jane A. Stickle pendant la guerre de Sécession, qui comprend 169 blocs différents, chacun étant une œuvre d’art unique. Un autre exemple est le «Double Wedding Ring Quilt», un motif populaire dans les années 1930, symbolisant l’amour et l’union.
Des artistes contemporains continuent de perpétuer cette tradition tout en innovant. Par exemple, Gee’s Bend Quilters, un groupe de femmes afro-américaines de l’Alabama, ont gagné une reconnaissance internationale pour leurs quilts improvisés, utilisant des formes et des couleurs audacieuses qui défient les conventions du quilting traditionnel. Leurs œuvres sont exposées dans des musées tels que le Whitney Museum of American Art à New York.
Le patchwork américain est donc une tradition riche et variée, ancrée dans l’histoire et la culture du pays. Il continue d’évoluer, reflétant les changements sociaux et culturels tout en conservant ses racines profondes dans les communautés locales.
2- Le Sashiko (Japon)
Le Sashiko est une technique de broderie traditionnelle japonaise qui a émergé pendant la période Edo (1603-1868) comme une méthode de renforcement et de réparation des vêtements. Le terme «sashiko» signifie littéralement «petites piqûres» en japonais, reflétant les motifs de points droits qui caractérisent cette technique.
À l’origine, les paysans utilisaient le sashiko pour prolonger la durée de vie de leurs vêtements en ajoutant des couches de tissu et des coutures renforcées, mais cette méthode est rapidement devenue une forme d’art à part entière.
Cette technique était une pratique courante parmi les classes inférieures qui ne pouvaient pas se permettre de remplacer leurs vêtements fréquemment. Les motifs utilisaient souvent des fils blancs sur des tissus indigo, créant un contraste saisissant. Ces motifs avaient non seulement une fonction esthétique mais aussi symbolique, représentant des éléments naturels comme les vagues, les montagnes, et les nuages, ou des concepts plus abstraits tels que la prospérité et la protection contre les mauvais esprits.
Le sashiko s’est développé principalement dans les régions rurales du Japon, notamment à Tohoku, où les hivers rigoureux nécessitaient des vêtements plus résistants. Chaque région a ses propres motifs et styles distinctifs. Par exemple, le sashiko de Hida présente des motifs géométriques simples, tandis que le sashiko de Shonai est connu pour ses motifs complexes et ses techniques de superposition.
Cet art était une compétence transmise de génération en génération, principalement par les femmes, qui l’utilisaient non seulement pour des raisons pratiques mais aussi comme un moyen d’expression personnelle. Aujourd’hui, le sashiko connaît une renaissance, non seulement au Japon mais dans le monde entier, grâce à son esthétique minimaliste et sa philosophie du «wabi-sabi» (conceptesthétique ou disposition spirituelle, dérivé de principes bouddhisteszen), qui valorise la beauté de l’imperfection et de l’artisanat.
Les exemples de sashiko traditionnel incluent les «boros», des vêtements rapiécés qui incarnent le concept de «mottainai» ou l’absence de gaspillage. Ces pièces, souvent considérées comme des œuvres d’art, sont exposées dans des musées et des galeries du monde entier. Un artiste contemporain notable est Akiko Ike, qui a modernisé le sashiko en créant des œuvres d’art textiles tout en respectant les techniques traditionnelles.
En conclusion, le sashiko est bien plus qu’une simple technique de couture; c’est un reflet de la culture japonaise, de son histoire et de sa philosophie. À travers les âges, il a évolué d’une méthode de réparation pratique à une forme d’art respectée, continuant d’inspirer les artistes et les artisans du monde entier. Le sashiko illustre parfaitement comment une pratique traditionnelle peut transcender son utilité initiale pour devenir une expression de beauté et de créativité intemporelle.
3-Le Patchwork Hawaiien (Hawaï)
Le patchwork hawaïen est une forme unique et vibrante d’art textile qui reflète la riche culture et les traditions de l’archipel d’Hawaï. Introduit par les missionnaires américains au début du 19ème siècle, cette technique s’est rapidement intégrée dans la vie hawaïenne, adoptant des motifs distinctifs inspirés de la nature et des légendes locales. Contrairement aux quilts américains traditionnels, les quilts hawaïens se distinguent par leurs motifs appliqués symétriques, souvent inspirés des plantes et des paysages locaux.
Les premiers quilts hawaïens étaient influencés par les quilts des missionnaires, mais les Hawaïens ont rapidement développé leur propre style. Les motifs appliqués, souvent en forme de grandes fleurs, feuilles ou motifs géométriques, sont cousus sur un fond uni.
Ces motifs sont créés en pliant le tissu plusieurs fois et en coupant des formes symétriques, un peu comme on le faisait jeune enfant pour des flocons de neige en papier. Cette technique est appelée «Kapa Apana». Les couleurs sont généralement vives et contrastées, reflétant la beauté naturelle d’Hawaï.
Le patchwork hawaïen est pratiqué sur toutes les îles d’Hawaï, mais chaque île peut avoir ses propres motifs et techniques préférées. Par exemple, les quilts de l’île de Maui peuvent se distinguer par des motifs spécifiques à la faune et la flore de cette île, tandis que ceux de l’île d’Oahu pourraient mettre en avant des motifs plus urbains ou historiques.
Le patchwork hawaïen joue un rôle important dans la culture communautaire et familiale. Les quilts sont souvent créés pour marquer des événements significatifs tels que des mariages, des naissances et des anniversaires. Ils sont également utilisés comme des objets cérémoniels et sont transmis de génération en génération. Le processus de création d’un quilt peut être une activité communautaire, impliquant plusieurs membres de la famille ou de la communauté, ce qui renforce les liens sociaux et culturels.
Aujourd’hui, des artistes contemporains comme Poakalani Serrao (1935-2012) et son groupe de quilters hawaïens perpétuent cette tradition tout en y apportant des innovations modernes. Ils utilisent des techniques traditionnelles pour créer des œuvres contemporaines qui continuent de raconter les histoires et les légendes d’Hawaï.
Hawaiian Quilting With Poakalani & Co.
Leurs travaux sont exposés dans des musées et des galeries à travers le monde, célébrant l’héritage culturel et artistique des quilts hawaïens.
Le patchwork hawaïen est une forme d’art riche et significative qui va bien au-delà de sa fonction utilitaire initiale. Il représente un moyen pour les Hawaïens de célébrer et de préserver leur culture, tout en apportant une beauté unique et distinctive au monde du patchwork. Les quilts hawaïens continue de prospérer, inspirant les artistes et les amateurs de textiles à travers le monde par ses motifs colorés et ses techniques minutieuses.
4-Les Quilts Baltimore (USA)
Les Quilts Baltimore, souvent appelés simplement «Album Quilts», sont une forme distinctive de quilt ayant émergé à Baltimore, Maryland, au milieu du 19ème siècle. Ces quilts se distinguent par leurs blocs appliqués élaborés, chacun présentant des motifs différents, souvent floraux, patriotiques ou commémoratifs. Ils représentent non seulement des chefs-d’œuvre de l’artisanat textile, mais aussi des archives historiques et sociales précieuses.
Dans l’histoire des Etats-Unis, les Quilts Baltimore ont été créés principalement entre 1840 et 1860, une période où Baltimore était un centre culturel et économique florissant. Ces quilts étaient souvent réalisés par des groupes de femmes, comme des guildes de quilting ou des cercles de couture, et étaient offerts en cadeau pour des occasions spéciales telles que des mariages ou des départs en voyage. Chaque bloc d’un quilt pouvait être réalisé par une quilteuse différente, ce qui explique la diversité des motifs et des styles au sein d’un même quilt.
Les motifs des Quilts Baltimore sont incroyablement variés et souvent très détaillés. On y trouve des représentations de fleurs, d’oiseaux, de paniers, de bâtiments, et même de bateaux, reflétant la vie quotidienne et les aspirations des créatrices. Les quilts incluent souvent des inscriptions brodées, telles que des noms, des dates, ou des versets bibliques, ce qui en fait de véritables journaux textiles. Le style appliqué utilisé pour ces quilts permet une grande précision et un niveau de détail exceptionnel, chaque pièce étant soigneusement cousue à la main sur le fond du bloc.
Bien que les Quilts Baltimore soient originaires de Baltimore, leur influence s’est rapidement étendue à d’autres régions des États-Unis, notamment grâce aux migrations et aux échanges culturels. Les quilts de ce style sont devenus des objets de collection très prisés et des exemples emblématiques de l’artisanat textile américain.
Les Quilts Baltimore reflètent les réseaux sociaux et les communautés de l’époque. Ils étaient souvent créés par des femmes de la classe moyenne ou supérieure, qui avaient le temps et les ressources nécessaires pour se consacrer à un travail aussi minutieux. Ces quilts servaient également de moyens d’expression personnelle et communautaire, permettant aux femmes de montrer leurs compétences, leur créativité et leur sensibilité artistique.
Un exemple emblématique est le quilt créé par Mary Simon, une quilteuse prolifique de Baltimore dont les œuvres sont parmi les plus admirées et étudiées. Ses quilts sont caractérisés par des motifs floraux détaillés et des techniques d’appliqué sophistiquées, et ils sont conservés dans des musées tels que le Baltimore Museum of Art.
Des artistes contemporains continuent de s’inspirer des Quilts Baltimore. Des quilteuses comme Elly Sienkiewicz ont contribué à la renaissance de cette tradition en publiant des livres et en organisant des ateliers pour enseigner les techniques d’appliqué à une nouvelle génération de passionnées. Leur travail perpétue l’héritage des Quilts Baltimore tout en introduisant de nouvelles innovations et interprétations.
Les Quilts Baltimore sont une manifestation éclatante du patrimoine culturel et artistique américain. Leur complexité, leur beauté et leur capacité à raconter des histoires personnelles et historiques en font des pièces uniques et précieuses. Ils continuent d’inspirer et de fasciner les quilters et les amateurs d’art textile à travers le monde, célébrant l’ingéniosité et la créativité des femmes qui les ont créés.
5-Le Pojagi (Corée)
Le pojagi, également connu sous le nom de bojagi, est une technique coréenne de patchwork qui remonte à plus de mille ans. Utilisée à l’origine pour créer des tissus d’emballage, cette technique s’est développée en une forme d’art textile distincte, caractérisée par des motifs géométriques et une utilisation ingénieuse des tissus transparents et opaques. Les pojagi sont des pièces de tissu carrées ou rectangulaires, souvent utilisées pour envelopper des objets, des cadeaux, ou pour des rituels cérémoniels.
Les pojagi étaient fabriqués à partir de chutes de tissu et de vêtements usés, recyclés pour créer de nouveaux textiles utiles. Cette pratique était courante dans les foyers coréens, où chaque morceau de tissu était précieux. Les pojagi étaient utilisés pour emballer des cadeaux, des articles ménagers et même des documents importants, reflétant une culture de respect et de considération pour les objets du quotidien. Les pojagi étaient également utilisés dans les cérémonies, comme les mariages et les funérailles, souvent décorés de symboles et de motifs significatifs.
C’est une technique pratiquée dans toute la Corée, avec des variations régionales dans les motifs et les styles. Les pojagi peuvent être classés en deux types principaux : les minpojagi, ou pojagi de roturiers, qui sont souvent plus simples et utilitaires, et les gungpojagi, ou pojagi de la cour royale, qui sont plus élaborés et décoratifs. Les gungpojagi étaient souvent fabriqués à partir de tissus précieux comme la soie et étaient utilisés pour emballer des objets de valeur et des offrandes.
Le pojagi représente une intersection entre l’art et l’artisanat domestique. Il a été principalement pratiqué par des femmes, qui utilisaient cette technique pour montrer leur habileté et leur créativité. Les motifs des pojagi sont souvent abstraits et géométriques, mais ils peuvent aussi inclure des symboles porte-bonheur comme les papillons, les grues et les fleurs. Cette technique de patchwork reflète également les valeurs coréennes de frugalité, de respect de la nature et de recyclage.
Un exemple célèbre de pojagi est le «Jogakbo», un type de pojagi créé à partir de petits morceaux de tissu cousus ensemble pour former un motif plus grand. Les Jogakbo sont souvent faits de tissus transparents comme le ramie ou le chanvre, ce qui leur donne un aspect délicat et éthéré. Ils sont souvent exposés dans les musées et les galeries, non seulement pour leur beauté esthétique mais aussi pour leur signification culturelle.
L’une des artistes contemporaines les plus notables qui perpétuent la tradition du pojagi est Chunghie Lee. Elle est reconnue internationalement pour ses œuvres qui marient les techniques traditionnelles de pojagi avec des designs contemporains. Ses créations ont été exposées dans des institutions prestigieuses telles que le Victoria and Albert Museum à Londres et le Smithsonian Institution à Washington, D.C. Lee a également écrit plusieurs ouvrages sur le pojagi, contribuant à la diffusion de cette technique au-delà des frontières coréennes.
En France, Maryse Allard est la référence dans l’art du pojagi. Elle a participé et participe encore à de nombreuses expositions, a écrit plusieurs livres et donne des cours. Ses ouvrages sont toujours très délicats, à l’allure éthérée. Son parcours est vraiment remarquable et l’artiste coréenne Chunghie Lee l’a même invitée à exposer dans son pays ! Bluffant ! Je t’invite à lire une interview d’elle sur son site :
Tu l’auras compris, le pojagi est bien plus qu’une simple technique de patchwork. Il incarne une philosophie de respect pour les matériaux et une appréciation de la beauté dans l’utilité quotidienne. À travers ses motifs géométriques élégants et ses tissus délicats, le pojagi raconte des histoires de culture, de tradition et d’innovation, et continue d’inspirer les artistes textiles du monde entier.
6-La Mola (Panama)
La mola est une forme d’art textile traditionnelle des Kuna, un peuple indigène vivant dans l’archipel de San Blas au Panama et dans certaines régions de la Colombie. Les molas sont des panneaux textiles très colorés, fabriqués en appliquant plusieurs couches de tissu de couleurs vives, puis en découpant des motifs pour révéler les couches inférieures. Cette technique, appelée appliqué inversé, crée des motifs complexes et multicolores qui sont cousus à la main avec une grande précision.
Les molas sont apparues au début du 20ème siècle lorsque les femmes Kuna ont commencé à utiliser des tissus commerciaux pour créer des vêtements décorés, en particulier des blouses appelées molas. Avant l’introduction des tissus, les Kuna décoraient leur corps avec des peintures corporelles aux motifs similaires. La transition vers le textile a permis de préserver et de perpétuer ces motifs symboliques sous une nouvelle forme.
J’ai réalisé une vidéo sur ce sujet, tu peux la retrouver ici :
Les ouvrages molas sont principalement fabriqués dans l’archipel de San Blas, où les Kuna vivent de manière semi-autonome. Les îles de San Blas sont connues pour leur biodiversité et leurs paysages paradisiaques, ce qui se reflète souvent dans les motifs des molas, qui incluent des représentations stylisées de la faune, de la flore et de la vie marine locales.
Cette technique joue un rôle central dans la culture Kuna. Les molas sont non seulement des vêtements, mais aussi des expressions d’identité et de résilience culturelle. Chaque mola raconte une histoire ou transmet un message, qu’il soit mythologique, historique ou personnel. Les motifs des molas peuvent symboliser des animaux totems, des esprits protecteurs ou des événements historiques importants. Les femmes Kuna apprennent la technique de la mola dès leur jeune âge et continuent de la pratiquer tout au long de leur vie, transmettant ainsi ce savoir-faire de génération en génération.
Des artistes contemporains comme Venancio Restrepo ont aidé à populariser la mola en dehors de la communauté Kuna. Restrepo, bien qu’il ne soit pas Kuna lui-même, a collaboré avec des femmes Kuna pour créer des œuvres d’art qui combinent les motifs traditionnels de la mola avec des designs modernes. Ses œuvres ont été exposées internationalement, contribuant à faire connaître et apprécier cet art unique.
À travers ses motifs complexes et ses couleurs éclatantes, la mola capture l’essence de la vie et des croyances des Kuna, tout en s’adaptant aux influences modernes. Les molas sont des œuvres d’art portables, qui permettent aux Kuna de partager leur histoire et leur héritage culturel avec le monde entier.
7-Le Kantha (Inde)
Le kantha est une technique de broderie simple mais élégante originaire du Bengale, en Inde, et du Bangladesh. Utilisée principalement pour recycler de vieux saris et autres textiles, la broderie kantha transforme des morceaux de tissu usés en magnifiques pièces de patchwork. Le terme «kantha» signifie littéralement «chiffons» en sanskrit, reflétant l’origine humble de cette technique.
Historiquement, le kantha est pratiqué depuis des siècles par les femmes rurales du Bengale, qui réutilisaient les textiles usagés pour créer des couvertures, des châles et d’autres articles ménagers. Les points de broderie utilisés dans le kantha sont simples et répétitifs, mais lorsqu’ils sont combinés, ils créent des motifs élaborés et artistiques. Les motifs peuvent inclure des éléments géométriques, floraux, animaux et des scènes de la vie quotidienne.
La technique du kantha est principalement associée aux régions du Bengale occidental en Inde et au Bangladesh. Chaque région a ses propres variations et styles, mais toutes partagent une esthétique commune de simplicité et d’ingéniosité. Le kantha est également influencé par les traditions culturelles et religieuses locales, avec des motifs souvent inspirés par la mythologie hindoue, les légendes locales et les croyances spirituelles.
Comme beaucoup de cultures où des techniques textiles sont implantées, le kantha a joué un rôle important dans la vie des femmes du Bengale, leur offrant une forme d’expression artistique et une activité communautaire. Les sessions de broderie kantha permettaient aux femmes de se réunir, de partager des histoires et de renforcer les liens sociaux. Aujourd’hui, le kantha est aussi une source de revenus pour de nombreuses femmes rurales, grâce à la demande croissante pour ces textiles artisanaux sur les marchés nationaux et internationaux.
Un exemple célèbre de kantha est le «nakshi kantha», qui se distingue par ses motifs narratifs et ses scènes détaillées. Ces pièces racontent souvent des histoires à travers des motifs brodés, chaque point ajoutant une dimension supplémentaire à la narrative visuelle. Le travail de la designer Monika Correa a contribué à mettre en lumière le kantha sur la scène mondiale. Ses créations modernes, inspirées par les motifs traditionnels kantha, ont été exposées dans des galeries et des expositions internationales.
Découvre la vidéo :
Monika Correa – ‘Experimentation has been my forte’ | Tate
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8-Le Trapunto (Italie)
Le trapunto, également connu sous le nom de «quilting en relief», est une technique de quilting qui a émergé en Italie au 14ème siècle. Le terme «trapunto» signifie littéralement «piqué» en italien, ce qui reflète le processus de création de motifs en relief sur un tissu de fond. Cette technique est caractérisée par l’ajout de rembourrage entre les couches de tissu, créant ainsi des motifs en trois dimensions qui ajoutent une texture et une profondeur uniques aux quilts.
Historiquement, le trapunto a été utilisé pour décorer des vêtements de luxe et des textiles d’intérieur tels que les couvre-lits et les tentures murales. Cette technique était particulièrement populaire pendant la Renaissance, où elle était utilisée pour créer des motifs élaborés et détaillés, souvent inspirés par la nature, la mythologie et les motifs géométriques. Les vêtements ornés de trapunto étaient considérés comme des symboles de statut et de richesse, en raison du temps et des compétences nécessaires pour les réaliser.
Cette technique a ses racines en Italie, mais elle s’est rapidement répandue dans toute l’Europe, où elle a influencé diverses traditions de quilting et de broderie. En France, par exemple, une technique similaire appelée «boutis» a émergé, tandis qu’en Angleterre, des quilts avec des motifs en relief sont devenus populaires pendant la période géorgienne.
Le trapunto a joué un rôle important dans la culture textile européenne. Il a permis aux artisans de montrer leur habileté et leur créativité, et a souvent été utilisé pour embellir des textiles cérémoniels et décoratifs. Le trapunto a également influencé d’autres formes d’art textile, telles que la broderie et le quilting, en introduisant de nouvelles techniques et motifs.
Un exemple célèbre de trapunto est le «Tristan Quilt», l’un des plus anciens quilts survivants, qui date du 14ème siècle. Ce quilt raconte l’histoire de Tristan et Iseult, un conte médiéval populaire, à travers des scènes brodées en relief. Le Tristan Quilt est conservé au Victoria and Albert Museum à Londres et est considéré comme un chef-d’œuvre de l’art tetxile médiéval.
Des artistes contemporains continuent de pratiquer et d’innover avec la technique du trapunto pour créer des œuvres d’art modernes qui explorent des thèmes contemporains tout en s’inspirant des motifs traditionnels.
En conclusion, le trapunto est une technique de quilting riche en histoire et en tradition. Sa capacité à créer des motifs en relief uniques et détaillés en fait une forme d’art textile très appréciée. Aujourd’hui, le trapunto continue d’inspirer les artistes et les artisans, tout en préservant une tradition séculaire de l’art textile italien et européen.
9-Le Patchwork Amish (USA)
Le patchwork Amish est une forme distincte de quilt américain, pratiquée par les communautés Amish principalement en Pennsylvanie, en Ohio, et dans l’Indiana. Caractérisé par des motifs géométriques simples et des couleurs unies, le quilting Amish est apprécié pour sa simplicité élégante et son artisanat de haute qualité.
Historiquement, les quilts Amish sont apparus au début du 20ème siècle, bien que les Amish aient commencé à pratiquer le quilting dès leur arrivée en Amérique au 18ème siècle. Les Amish, qui valorisent la simplicité, la modestie et la fonctionnalité, ont appliqué ces principes à leurs quilts. Contrairement aux quilts américains traditionnels qui utilisent souvent des motifs floraux et des appliqués élaborés, les quilts Amish sont généralement plus sobres et géométriques.
Le patchwork Amish est principalement associé aux communautés Amish des États-Unis. Les motifs et les styles peuvent varier légèrement d’une communauté à l’autre, mais tous partagent une esthétique commune de simplicité et de fonctionnalité. Les quilts sont souvent fabriqués pendant l’hiver, lorsque les travaux agricoles sont moins pressants.
Le patchwork Amish est une activité communautaire et familiale. Les femmes Amish se rassemblent souvent pour des «quilting bees», où elles travaillent ensemble sur des quilts tout en renforçant les liens communautaires. Les quilts sont également des objets utilitaires, utilisés pour la literie, les couvertures et les cadeaux de mariage. Les quilts Amish sont transmis de génération en génération, chaque quilt portant avec lui une histoire familiale et culturelle.
Un exemple célèbre de quilting Amish est le «Diamond in a Square», un motif emblématique qui utilise des losanges colorés pour créer un effet visuel saisissant. Les quilts Amish sont souvent réalisés en laine ou en coton, avec des couleurs profondes et saturées comme le bleu, le rouge, et le noir, contrastant avec des couleurs plus vives.
Des artistes contemporains comme Rachel Pellman ont contribué à populariser le quilting Amish en dehors des communautés Amish. Rachel Pellman, bien qu’elle ne soit pas Amish, a étudié et documenté les techniques et les motifs Amish, publiant plusieurs livres et organisant des expositions qui ont attiré l’attention internationale sur cette forme d’art textile unique.
En France, des quilts Amish sont exposés chaque année au Carrefour Européen Du Patchwork à Sainte Marie aux Mines en Alsace grâce à l’imposante collection de Jacques Légeret. (clic) C’est toujours très émouvant de découvrir ces magnifiques ouvrages, sobres et si éclatants à la fois.
Le patchwork Amish est une tradition textile qui incarne les valeurs de simplicité, de modestie et de fonctionnalité des communautés Amish. À travers leurs motifs géométriques élégants et leurs techniques de quilting méticuleuses, les quilts Amish racontent des histoires de foi, de famille et de communauté. Cette tradition continue d’inspirer et de fasciner les amateurs de quilting et les artistes textiles du monde entier.
10-Le Bargello (Italie)
Le Bargello est une technique de quilting qui tire son nom d’un musée à Florence, en Italie, où des exemples de ce style de broderie sont conservés. Bien que le Bargello soit plus souvent associé à la broderie, ses motifs géométriques et ses couleurs vibrantes ont été adaptés au patchwork, créant des quilts visuellement saisissants.
Historiquement, la broderie Bargello, également connue sous le nom de «point de flamme», remonte au 17ème siècle. Elle est caractérisée par des motifs en zigzag ou en vagues, créés à l’aide de points droits. Les motifs Bargello sont souvent composés de couleurs dégradées, créant un effet de mouvement et de profondeur. Les broderies Bargello étaient populaires dans les intérieurs européens pour les coussins, les sièges de chaises, et les tentures murales.
Le Bargello est originaire d’Italie, mais il a gagné en popularité à travers l’Europe et, plus tard, en Amérique. Le musée Bargello à Florence conserve des exemples historiques de cette technique, qui ont inspiré les quilters modernes à adapter les motifs de broderie au patchwork et au quilting.
Cette technique reflète les influences artistiques et culturelles de la Renaissance italienne, avec ses motifs géométriques et ses palettes de couleurs sophistiquées. Les quilts Bargello sont souvent utilisés comme des pièces décoratives, mettant en valeur l’habileté de l’artiste et la richesse des motifs.
Un exemple célèbre de quilt Bargello est le «Bargello Wave», où les motifs de vagues sont créés en utilisant des bandes de tissu de différentes couleurs. Ce motif est particulièrement apprécié pour sa complexité visuelle et l’illusion de mouvement qu’il crée. Les quilts Bargello nécessitent une grande précision et une planification minutieuse, chaque bande de tissu devant être coupée et cousue avec soin pour maintenir le motif fluide et harmonieux.
Des artistes contemporains comme Marge Edie ont popularisé le quilting Bargello en publiant des ouvrages et en organisant des ateliers. Edie a exploré diverses variations
des motifs Bargello, ajoutant sa propre touche contemporaine tout en respectant les techniques traditionnelles. Ses créations sont admirées pour leur complexité et leur beauté, et elles ont contribué à élargir l’attrait de cette technique parmi les quilters modernes.
Le patchwork Bargello est une adaptation fascinante d’une ancienne technique de broderie italienne. Les motifs géométriques enflammés et les dégradés de couleurs créent des quilts visuellement dynamiques qui captivent l’œil. Cette technique offre une infinité de possibilités créatives, permettant aux quilters de jouer avec les couleurs et les formes pour créer des œuvres d’art textile uniques et sophistiquées. Grâce aux techniques de couture rapide à la machine, les quilteuses modernes jouent avec les tissus et les couleurs pour créer des ouvrages extrêmement vibrants.
Dis-moi en commentaire quelles sont les techniques que tu connais et celles que tu découvres ? Lesquelles as-tu envie d’essayer ?
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Merci !
Nadège
Le tour du monde du patchwork en 20 techniques originales - Partie 2