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- Le Goût du Monde
Depuis près d’un siècle, les quilts, ou courtepointes, permettent aux femmes et aux minorités d’exprimer des revendications en faveur de leurs droits. Un artisanat enfin érigé au rang d’art textile.
ParDéborah Malet
Temps de Lecture 2 min.
«Avec The French Collection, je voulais montrer qu’il y avait des Noirs à l’époque de Picasso, de Monet et de Matisse, montrer que l’art africain et les Noirs avaient leur place dans cette histoire.» Voici l’une des citations reproduites sur un mur du Musée Picasso Paris qui accueille actuellement une rétrospective consacrée à l’artiste africaine-américaine Faith Ringgold. Parmi ses œuvres, une vingtaine de quilts (courtepointes) cousus et peints, dont quatre pièces de The French Collection – qui en compte douze en tout, réalisées entre 1991 et 1997.
Parmi ces dernières, Le Café des artistes, une déambulation fantasmée dans le Paris des années 1920 où Faith Ringgold se met en scène déjeunant à Saint-Germain entourée de VanGogh, Toulouse-Lautrec, comme de ses idoles de la Renaissance d’Harlem: Lois Mailou Jones, Meta Vaux Warrick Fuller et Archibald Motley… A ces tentures joyeuses viennent se mêler celles, plus sombres, de Slave Rape et The Flag is Bleeding #2, qui retracent une histoire américaine entachée par l’esclavage et le racisme.
«Longtemps invisible et sous-estimée, cette activité domestique a permis aux femmes de créer des groupes de parole et de sociabilité.» Catherine Legrand, styliste
Au même moment, l’exposition collective «The New Bend», à la galerie Hauser &Wirth, à Somerset, rend hommage aux quilteuses descendantes d’esclaves, établies depuis le XIXesiècle à Gee’s Bend, en Alabama. Le patchwork, comme la broderie ou le tissage, brouille les limites entre artisanat modeste et art textile, explique Catherine Legrand, styliste et autrice de Patchworks. Une mosaïque du monde (Editions de La Martinière, 2022). «Longtemps invisible et sous-estimée, cette activité domestique a permis aux femmes de créer des groupes de parole et de sociabilité, poursuit-elle. De ces quilting parties sont nés les protest quilts pour dénoncer l’alcoolisme chez les hommes ou militer en faveur des droits civiques, comme l’ont fait les femmes du Gee’s Bend, ou pour le droit de vote des femmes.»
Une longue tradition de solidarité cousue de revendications et de commémorations. Lancé il y a une dizaine d’années à Baltimore, The Monument Quilt assemble les histoires de quelque 3000 victimes de viol et d’agressions sexuelles. Dans le même esprit, le Names Project AIDS Memorial Quilt, né en1985 à San Francisco, et son équivalent français, Les Ami.e.s du patchwork des noms, créé en1989, collectent les patchworks réalisés par des proches ou des associations en mémoire des victimes du sida.
L’un d’entre eux est actuellement présenté au Palais de Tokyo aux côtés d’œuvres d’artistes touchés par l’épidémie. Alors que cette année marque les 40ans de la découverte du virus et en plein préparatif du Candlelight Day, la journée du mémorial international contre le sida (qui a lieu le troisième dimanche du mois de mai), Les Ami.e.s du patchwork des noms rappellent combien «le patchwork protège de l’oubli». Et permet d’en découdre avec les préjugés.
«Faith Ringgold – Black is Beautiful», au Musée Picasso Paris, jusqu’au 2juillet. museepicassoparis.fr
«The New Bend», à la galerie Hauser &Wirth, à Somerset, Royaume-Uni, jusqu’au 8mai. vip-hauserwirth.com
«Exposé-es», au Palais de Tokyo, à Paris, jusqu’au 14mai. palaisdetokyo.com
Déborah Malet
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